Maintenant ou jamais: Esther construit un barbecue de jardin
Mélanger du mortier, tailler des briques, maçonner... autant de tâches que notre auteure Esther Acason n‘a jamais accomplies. Mais son envie de fabriquer son propre gril est plus forte que ses doutes. Peu importe si l‘hiver approche. On peut faire des barbecues toute l‘année!
J’avoue que j’adore les barbecues. Selon moi, il n’y a rien de mieux que rassembler des amis, papoter des heures durant et déguster des grillades, Si je pouvais, j’allumerais mon barbecue chaque semaine. Arrêter en automne et en hiver?
Je ne vois vraiment pas pourquoi. Non, vraiment pas. Je nous imagine, mes amis et moi, autour du barbecue, dans mon jardin, bien emmitouflés et entourés de neige.
Mais vu la fréquence à laquelle je vais l’utiliser, il me faut quelque chose de bien plus solide que mon vieux barbecue sur trépied. Il est temps de sortir l’artillerie lourde. J’ai besoin de matériaux sur lesquels je peux compter, qui résisteront au vent et aux intempéries.
Après avoir fait quelques recherches sur Internet, je décide de maçonner mon propre barbecue avec des briques de pierre résistantes à la chaleur. La grille se glisse comme une plaque à pizza par l’avant et est maintenue par des briques qui dépassent à droite et à gauche sur plusieurs niveaux. Ainsi, je peux monter ou descendre la grille et réguler facilement la chaleur. Du moins, c’est ce que j’ai lu. Tout a l’air super, mais il y a juste un petit problème: je n’ai jamais fait de travaux de maçonnerie. Ça doit pas être si compliqué que ça, non?
1. Choisir le bon emplacement
Je dois avant tout trouver l’endroit où placer mon barbecue, qui m’arrivera à peu près à la hauteur des hanches. Le sol doit supporter son poids, sinon il s’affaissera et ne sera pas droit. Je vais dans mon jardin et j’enfonce mon poing dans le sol. La terre est trop molle, ici. Je finis par trouver l’endroit idéal au bout de quelques minutes, à peu près au milieu du jardin, sur du sable dur. Parfait, les voisins ne seront pas dérangés par les odeurs de grillades. Heureuse, je m’exclame: «c’est parti!». Je vais dans un magasin de bricolage et je reviens avec plein de briques et des dalles en béton. Mon projet peut commencer!
2. Les bonnes fondations
Je mesure avec un mètre les dimensions des fondations de mon barbecue, c’est-à-dire un quarré fait de quatre dalles de béton. Ça a l’air bien, non? Pour être bien sûre de mon coup, je mesure aussi la position des briques sur les dalles de béton pour pouvoir plus tard glisser les plaques du barbecue, du charbon et le bac à cendres au centre des briques. Tout est ok. J’enlève ensuite le gazon avec une bêche pour créer une surface plate. Le gazon résiste plus que ce que je pensais, mais je ne me laisse pas décourager. Je passe un coup de râteau pour égaliser le sol, puis je pose les dalles sur le lit de terre et j’ajuste leur position. Je dois m’assurer que tout est bien plat, parce que la stabilité de mon barbecue dépend de ses fondations. Je prends un niveau à bulle, que je finirai par adorer, et je vérifie que les dalles de béton sont bien à plat. Ce n’est pas du tout le cas. Je mets donc de la terre sous celles qui en ont besoin et j’en enfonce d’autres à coups de marteau de maçon, jusqu’à ce que le niveau à bulle m’indique que tout est parfaitement droit. Ça fonctionne! Malheureusement, je tape trop fort sur la troisième dalle, et elle se brise. Plutôt que de me plaindre inutilement, je me rends au magasin de bricolage pour m’en acheter une autre. Je la positionne précisément, je vérifie qu’elle soit bien droite avec le niveau à bulle, et le tour est joué.
3. Mélanger le mortier
Je peux enfin commencer mon travail de maçonnage. Je mélange pour la toute première fois du mortier. Je sors l’artillerie lourde et je fixe un mélangeur de mortier à une perceuse. C’est un peu comme de la pâte à pain, mais avec un bien plus gros mixeur. Je continue jusqu’à ce que le mélange soit bien homogène et qu’il ait la bonne consistance. Je me saisis ensuite d’une spatule et je m’attelle à la première couche de briques. Comme je n’ai jamais fait ça auparavant, je ne comprends pas tout de suite la quantité de mortier dont j’ai besoin par brique et pour les joints, qui doivent être remplis entièrement et uniformément. La première rangée faite – quatre briques au milieu, deux de chaque côté – je commence à m’habituer au processus. Après avoir posé quelques briques, je mesure mon œuvre avec le niveau à bulle. Je remarque vite que je dois être précise dans mon travail. Je frappe les zones inégales avec le marteau par en haut et sur les côtés. Ça fonctionne. La première rangée est bien droite. Je continue.
4. Brique par brique
Je procède différemment pour la deuxième rangée: je pose les briques en escalier, à des niveaux de longueurs différentes. Quelques difficultés m’attendent: je dois raccourcir les briques pour maintenir la forme d’escalier – trois briques pour le mur arrière, trois briques complètes et une demie sur les côtés. Je dois ensuite utiliser une meuleuse d’angle… Vous pensez bien que je n’ai jamais fait ça avant! Je mets des lunettes de protection, je me concentre, je marque les briques là où elles doivent être taillées, et j’enfonce la lame à un centimètre de profondeur. Je place un ciseau à bois dans la fente obtenue et je tape dessus avec le marteau. Et voilà, la brique est raccourcie. C’est rapide! Je suis super fière de moi, mais la pierre ne s’insère pas parfaitement dans mon mur. Je me suis réjouie trop vite. Je dois recommencer et je me félicite d’avoir acheté quelques briques de plus, juste au cas où. Je suis de plus en plus à l’aise avec la meuleuse, j’en oublie presque les briques colorées que je voulais aussi utiliser. Heureusement, je m’en rappelle juste à temps. Je prépare mes briques foncées et je rencontre un autre problème: le mortier a durci. J’ai mis trop de temps à maçonner. Zut! Je reprends mon gros mixeur et je le mélange à nouveau avant de pouvoir continuer.
Mes mouvements deviennent plus fluides, et mon mur prend de la hauteur. A la neuvième, onzième et treizième rangée, je place une brique en travers sur les côtés, une à la moitié de sa longueur, une en travers, et à nouveau une à la moitié de sa longueur. L’effet? Les briques en travers ressortent vers l’intérieur et l’extérieur du barbecue. Elles constitueront les surfaces sur lesquelles je pourrai ensuite glisser les plaques des grillades, du charbon et le bac à cendres.
5. Les touches finales avant les grillades!
Il me reste plus qu’à poser une couche sur le dessus, à la mesurer avec le niveau à bulle, à égaliser les briques à coups de marteau, et voilà!
Tout est terminé? Non, bien sûr, ça aurait été un peu trop facile. J’enlève les résidus de mortier et je nettoie grossièrement les murs avec un balai humide. Je répète l’opération une nouvelle fois, en travaillant rigoureusement. Je veux que le résultat soit joli. Place aux touches finales: d’un léger mouvement, je passe une truelle à joint dans le joint de l’extérieur vers l’intérieur pour que la pluie puisse s’écouler, et je laisse sécher le tout quelques secondes.
Voici enfin venu le moment tant attendu: je pose la plaque à cendres – dans laquelle les cendres tomberont plus tard – la plaque à charbon – dans laquelle je placerai le charbon – et la grille – sur laquelle je déposerai les aliments à griller. Tout est bien en place? Oui! J’ai même de la place pour accrocher une pince à barbecue sur les bords droit et gauche. C’est merveilleux!
Je peux enfin allumer le barbecue! Il fonctionne très bien, je suis super fière! Et même le soleil fait son apparition. Avec le charbon ardent devant moi, je n’ai plus peur du froid. Ma saison a commencé, et elle ne finira jamais!
Texte: Esther Acason | Photos: Lucas Wahl