Construire son propre bateau pirate? Daniel Bewernick, de Lippstadt en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, n'arrêtait pas d'y penser. Ses amis, des membres de sa famille et lui jouaient les membres d'un équipage de pirates et «terrorisaient» marchés et festivals de rue. Mais il leur manquait encore un bateau pirate facile à assembler et à démonter.

Il n'avait aucune expérience en construction de bateaux, mais il est bricoleur. Outilleur de formation, il est auditeur en prévention des accidents pour des installations éoliennes, et il a un esprit pragmatique. Construire un bateau pirate ne serait sûrement pas si difficile que ça, si? Il a pris un jouet de son fils comme modèle. Il s'est acheté un livre rédigé pour les fabricants de modèles de bateaux historiques et a adapté les échelles. Il a esquissé un plan approximatif et s'est mis au travail. Il n'aime pas trop la théorie, il a plutôt l'esprit pratique.

Daniel Bewernick

Daniel a commencé par la partie centrale du bateau. Il a scié les parois, qui mesurent chacune deux mètres de haut. Il a percé des trous pour les sabords, par lesquels passeraient ensuite les canons, comme sur les modèles historiques. Il a commencé par se hisser sur une caisse de bières, avant de se procurer un échafaudage. Mieux vaut être prudent. Il a travaillé uniquement à l'extérieur, et par tous les temps.

Puis il est passé à la proue. Le plus gros défi était d'employer du bois résistant aux intempéries et de le plier sans le briser. Il a opté pour des planches de contreplaqué de peuplier de six millimètres de large. Il les a sciées, en a fait tremper une partie, les a chauffées à l'aide d'un brûleur à gaz, les a pliées avec précaution et les a vissées à la partie centrale du bateau. Finalement, ce n'était pas si compliqué que ça!

Daniel est ensuite passé à la poupe, qu'il a construite en plusieurs, parfois très longues, étapes. Elle devait dépasser d'un mètre à l'arrière. Il a rallongé un peu les parois latérales et a progressé lentement du bas vers le haut. Pour arrondir la partie de la poupe qui se trouvait au sol, il a posé un assemblage à tenons et à mortaises en sapin de Douglas. Il a ensuite utilisé des palettes usagées pour les prochaines étapes. Ses amis lui ont donné un coup de main. Ils lui ont apporté des outils, et ils ont passé plusieurs semaines à retirer les clous des palettes à l'aide d'un pied-de-biche. Il a ensuite découpé les planches de bois et vissé la poupe aux parois latérales.

Daniel n'avait pas encore tout à fait terminé. Il lui restait les mâts, dont le plus haut mesurerait 14 mètres. Il a employé du bois de conifère et s'est contenté de visser des rondins les uns aux autres. Pour les haubans qui serviraient à tendre les mâts, il a noué 500 mètres de cordes à l'aide de nœuds de pirates qu'il a appris spécialement pour l'occasion, les cabestans. Sans oublier un petit escalier latéral pour accéder au pont arrière.

Il était temps de vernir le tout. Le bateau devait avoir l'air ancien, usé. Daniel a fait des tests sur des planches qu'il avait réservées à cet effet. Il a posé une première couche de vernis, puis il en a rincé la moitié avec un nettoyeur haute pression. Il a ensuite passé la flamme d'un réchaud, une brosse en métal et un balai à poils durs sur la paroi extérieure. Mais le bois n'avait pas encore l'air assez vieux. Il a dû empoigner sa hache, y imprimer des traces d'usure, et répéter l'opération sur toute la surface du bateau. Il ne lui restait plus qu'à le décorer de crânes qu'il avait lui-même moulés dans du plâtre. Et voilà, son bateau était enfin terminé. Son équipage s'en est immédiatement emparé. Et Daniel? Il planifie déjà de nouvelles constructions pour ses pirates et les marins d'eau douce qui visitent son navire.

Daniel Bewernicks selbst gebautes Piratenschiff.

Texte: Esther Acason | Images: Daniel Bewernick, Johannes Pietsch, Andrea Rattay